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RAJ: Réseau Architecture Jeunesses

Le recensement des initiatives pédagogiques, mentionné plus bas, a permis de constituer le Réseau Architecture Jeunesses (RAJ) qui rassemble des enseignant·e·s de la majorité des écoles nationales supérieures d’architecture (ENSA) françaises.

Les objectifs du réseau sont:

  • Créer un observatoire de la transmission architecturale dans les ENSA, sur le
    territoire français et à l’international au travers des structures du réseau
    (Luxembourg, Belgique, Espagne, Italie, Danemark, Montréal)
  • Concevoir des outils de valorisation des enseignements de l’architecture à
    destination des jeunes publics
  • Promouvoir la recherche avec les jeunes (enfants, adolescents, jeunes
    adultes)
  • Penser les dispositifs de co-conception/concepteur·trice – jeunesse des
    équipements publics (bâtiments scolaires, équipements sportifs, aires de
    jeux…)
  • Créer un (post-)master international qui traite des liens entre architecture –
    conception – recherche – jeunesses

Nous sommes parties du constat qu’en France, il est régulièrement souligné que les enfants et peut-être encore davantage les adolescent·e·s, sont encore très souvent les grands absent·e·s de la fabrique de la ville. L’attention portée aux jeunes dans le processus de fabrication de la ville, s’est pourtant initiée dès le début des années 1970 avec l’équipe de Marie-José Chombart de Lauwe, qui interrogeait le rapport à la ville des enfants. Leur recherche avait engendré une exposition remarquée au Centre Pompidou à Paris. Si dans les pays anglo-saxons les Children studies n’ont jamais cessé de se pencher sur la question, en France, hormis peut-être chez les géographes, cette question a été travaillée de manière plus ponctuelle et relativement marginale dans les champs de la psychologie, de la sociologie, de l’anthropologie, de l’histoire, de l’urbanisme et de l’architecture.

Depuis une petite vingtaine d’années, la question semble à nouveau à l’ordre du jour dans le champ des études urbaines et architecturales. L’augmentation du nombre de publications, de journées d’étude, de séminaires ou de programmes de recherche sur le sujet (ANR Mobikids, dirigé par Sandrine Depeau ou encore le projet TAPLA, financé par le LABEX Les passés dans le présent de Paris Nanterre), la mise en place d’un réseau de partenaires entre la MMSH, Aix Marseille Université, et des associations, et la création du dispositif AMI par l’ordre des architectes PACA en septembre 2023 (appel à manifestation d’intérêt à destination des scolaires), démontrent l’intérêt renouvelé sur le sujet. Cet intérêt grandissant ne parvient
pourtant pas à compenser l’absence de l’architecture dans le parcours d’éducation artistique et culturel (PEAC) tout au long de la scolarité et pour tous les jeunes français (Loi n°2013-595).

De plus, toujours plus de villes françaises entrent dans le dispositif UNICEF, “Ville amie des enfants”, portant une attention particulière aux équipements destinés à la jeunesse. Des réflexions autour de dispositifs spécifiques à l’attention des plus jeunes (pédibus, conseils municipaux d’enfants et d’adolescents, réflexion de l’ANRU avec les jeunes, etc.) ou d’aménagements des espaces publics (aire de jeux, skatt parc, rue scolaire, etc.) et de la place des jeunes filles dans ceux-ci semblent (re-)devenir des sujets de débat d’intérêt public. Alliant bien-être et préoccupation environnementale, sont aussi apparues les cours oasis parisiennes et autres initiatives de désimperméabilisation des sols des cours de récréation, ailleurs sur le
territoire français (CAUE 75).

C’est dans ce contexte que s’inscrit cette proposition, qui a pour vocation de mettre en réseau, l’ensemble des initiatives déployées par les ENSA, autour de trois grands axes:
➡ celles qui concernent la généralisation de la transmission d’une culture architecturale à l’école avec la volonté d’étudier les actions menées sur le territoire français et à l’international, pour permettre d’accompagner les étudiants et les architectes en exercice, à concevoir et piloter des médiations ou des concertations auprès et avec, les jeunes publics. RAJ propose de
rendre visible le tissage de l’ensemble des initiatives auprès des jeunes publics. Le projet s’inscrit dans les directives du rapport final “La sensibilisation du Jeune public à l’architecture, étude comparative dans six pays européens, recommandations pour la France” (Couralet, Grandguillot, Nys, 2008) qui recensait toutes les initiatives françaises et européennes, menées par le milieu associatif et éducatif. Nous proposons de produire cet outil à l’échelle des ENSA afin de valoriser et encourager les activités pédagogiques dirigées sur le territoire français;
➡ celles qui concernent la co-conception avec des jeunes publics (enfants, adolescents et jeunes adultes);
➡ celles qui font recherche avec la jeunesse en ENSA ou font de la recherche sur des équipements à son attention (création d’espaces à son attention, réhabilitation des écoles en vue du réchauffement climatique, etc). Sans nous enfermer aux apports de l’architecture scolaire ou de la socioanthropologie des enfants et des adolescent·e·s, ce qui nous intéressera avant tout seront les liens et les interactions qui peuvent s’instaurer entre des (a)ménagements
spatiaux-temporels, des enseignements et des apprentissages : quels sont les potentiels formateurs des lieux ? Comment concevoir les espaces pour transformer les apprentissages et leur appropriation ? Comment interagissent organisation socio-spatiale, relations adultes-enfants et transmission des savoirs ?

Un espace donc où débattre d’architecture et de pédagogie mais également de méthodologie, d’épistémologie et d’éthique de la recherche avec les jeunes où s’entrecroisent les sciences de l’éducation, les sciences humaines et sociales avec les disciplines de projet (architecture, paysage, urbanisme). Car, questionner la place des jeunes dans nos sociétés en constante transformation, c’est également repenser nos manières de faire recherche non plus sur et pour eux mais avec eux.

Au sein des ENSA, contrairement à ce qui se passe, dans les Pays-Bas, en Espagne ou en Italie, le rapport des jeunesses à la ville est trop peu proposé dans le cursus, l’attrait des jeunes architectes pour le sujet apparaît dans le cadre des études doctorales au travers de thèses sur la thématique, telles que celles déjà soutenues de Cynthia Azzam à l’ENSA-Versailles, de Roberta Ghelli à l’ENSAP Bordeaux et de Fanny Delaunay à l’ENSA Val de Seine, ou en cours de réalisation, comme celles d’Adelaïde Boëlle à l’ENSA Toulouse, de Noa Schumacher et de Laure Ribeiro à l’ENSA Grenoble, ainsi que des projet de fin d’études (PFE), mémoire recherche, de master, rapport de licence mais qui ne se voient pas offrir une véritable mise en lumière par la
profession.

Le réseau scientifique et pédagogique en architecture RAJ, a comme ambition de créer un dispositif permettant d’initier et de pérenniser le dialogue autour d’expériences existantes, de soutenir les enseignants qui s’emparent de ces problématiques dans les ENSA et à l’international, d’encourager la formation de l’ensemble de la profession à se saisir de ces questions liées à la jeunesse et de valoriser l’ensemble des initiatives existantes.

Ce réseau souhaite compiler les outils agissant en faveur de la formation de l’esprit critique de la jeunesse, source d’inspiration pour la fabrique de la ville, de transmettre par l’architecture, une “éducation à l’environnement” (EDD) et de former les architectes au dialogue avec les plus
jeunes. Cela permettra donc d’une part, de sensibiliser l’ensemble de la profession à la communication auprès du jeune public et ce, dès la formation initiale de l’architecte, et, d’autre part, de favoriser la construction d’une compréhension des espaces pratiqués quotidiennement par les jeunes usagers.

RAJ est porté par Laure Sabine Bampi (Mesopolhis UMR 7064, CNRS; CiN.Archi, Centre international pour l’architecture), Nadja Monnet (Laboratoire Architecture/Anthropologie LAA – LAVUE UMR 7218, CNRS) et Karine Thilleul (Laboratoire Histoire Humanités Architecture Contemporanéité – LHHAC, ENSA Nancy)

Y participent (liste non exhaustive, en cours de rédaction) :

Hocine Aliouane-Shaw, architecte-urbaniste, docteur en urbanisme et aménagement (Université Bordeaux-Montaigne) et MCF VT à l’ENSAP Bordeaux. Il assure la cocoordination du post-master « Re-Building The World », ciblé sur le développement et la conduite de projets adaptés aux contraintes du milieu et mettant en oeuvre des processus collaboratifs qui associent les habitants à la conception/fabrication des structures spatiales . Ses axes de recherche au sein du laboratoire CNRS Passages explorent les processus de concept ion collaborative et/ou générative qui engagent les concepteurs auprès des usagers habitants dans la transformation de leur cadre de vie. Il est membre fondateur du collectif transdisciplinaire Bruit du frigo qui propose des façons alternatives d’imaginer et de fabriquer collectivement l’espace de la ville, à travers des dispositifs de prospective urbaine et d’émulation citoyenne qui mêlent installations et scénographies urbaines, microarchitectures, actions collectives et événements culturels.

Nathalie Audas, géographe, urbaniste, MCF à l’Institut d’urbanisme de l’Université de Grenoble-Alpes, et enseigne à l’IUT2, au département Carrières Sociales. Elle est
chercheuse à l’UMR Ambiances, Architectures, Urbanité au sein de l’équipe CRESSON. Ses
travaux sur les enfants ont débuté avec le programme de recherche Mobi’Kids, financé
par l’ANR sous la responsabilité de Sandrine Depeau (chercheuse en psychologie
environnementale). Elle s’intéresse aux rapports sensibles et affectifs des habitants/
usagers aux espaces publics urbains. Elle a participé récemment à un projet de résidence artistique, scientifique et participative auprès d’élèves de 6ème d’un quartier de Grenoble, classé en Politique de la Ville, dans l’objectif de réaliser in fine une cartographie sensible de leur territoire de vie au quotidien en identifiant leurs espaces de sociabilités, leurs pratiques culturelles, leurs vécus des trajets quotidiens, etc.

Laure Sabine Bampi, architecte, docteur en sciences de l’éducation, est chercheuse associée à Mesopolhis, UMR 7064, CNRS, Maison Méditerranéenne des sciences de l’Homme – Aix Marseille Université. Elle a créé et dirige un programme hebdomadaire de médiation culturelle en architecture dans un groupe scolaire, intitulé Les jardins de mon école, pour un aménagement participatif des extérieurs intra muros, de la petite section de maternelle au CM2. Le CiN.Archi, dont elle est la directrice artistique, ouvre la première école régionale secondaire d’architecture (ERSA 83) pour la formation annuelle des collégiens et des lycéens aux métiers de l’architecture (ADAGE 16131546-Pass culture). Les élèves abordent les problématiques liées aux décisions des politiques urbaines au travers de projets menés sur le territoire intercommunal. Les projets collectifs formeront les usagers à la pratique de l’architecture et agira pour une valorisation de la formation volontaire des élèves.

Fanny Delaunay, urbaniste, MCF SHS à l’ENSA de Paris Val de Seine; chercheuse au CRH-LAVUE UMR 7218. Elle a soutenu sa thèse en aménagement sur les pratiques récréatives des enfants dans l’espace public, en 2018, sous la direction de J.P Levy à l’Université de Marne la Vallée, LATTS. Son implication sur deux programmes de recherches sur les pratiques ludiques alternatives et la végétalisation des cours de récréation l’amène à poursuivre ses travaux autour de l’articulation des pratiques récréatives des enfants et la conception d’espaces ayant une visée environnementale posant de fait la question des stratégies des acteurs de la conception urbaine. Ses activités d’enseignement tournées vers les questions de développement rural l’amène à questionner les formes socio-spatiales des pratiques depuis les territoires ruraux.

Maylis Leuret, architecte, doctorante au laboratoire Passages. Sa thèse (en cours) sous la direction de Hocine Aliouane-Shaw et de Béatrice Collignon interroge l’école primaire comme un outil pour lire et expérimenter l’espace. En 2020, elle fonde le Collectif Calk, un
collectif de designers et d’architectes. A travers des dispositifs comme la gravure, le son et les fresques, le collectif imagine d’autres manières de percevoir le territoire proche, aussi riche et diversifié soit-il, aussi complexe à lire et à comprendre soit-il. Son champ d’action se concentre sur le jeune public (6-11 ans). Depuis 2016, elle est membre de l’association EXTRA éditeur d’espaces qui ouvre un champ de recherche, de création et de sensibilisation autour de la notion d’espace.

Nava Meron, architecte, docteure en aménagement de l’espace, MCFA SHSA à l’ENSA
Paris La Villette et chercheuse au LAA-LAVUE, UMR 7218, CNRS. Elle s’intéresse à la pratique de l’entre soi. Se penchant dans sa thèse sur la pratique de la religion dans la ville, elle cherche de nouvelles situations et contextes appelant le partage et le commun que ce soit par l’inclusion ou l’exclusion. Résaulument social est une recherche où elle observe les collégien·ne·s dans l’espace public.

Nadja Monnet, anthropologue, MCF en Sciences humaines et sociales à l’ENSA de Marseille, chercheuse au LAA-LAVUE, UMR 7218, CNRS. Elle travaille depuis plus de 10 ans sur la question de la place des enfants dans la ville. Elle a participé à la recherche Terrains d’aventure du passé pour l’avenir (TAPLA), ANR-11-LABX-0026-01; initié, en 2023, le programme interdisciplinaire Prendre place: enfances, adolescences et transformations urbaines en Méditerranée qui s’est élargi à l’Europe méridionale pour son édition de 2024. Elle co-dirige avec Florence Bouillon, Fanny Delaunay et Sonia le chantier “Enfants et jeunes: espaces, environnement, pédagogies” du LAVUE.

Flavie Pinatel, réalisatrice, MCF ATR APV à l’ENSA Paris La Villette, chercheuse associée au LAA. Son travail s’articule autour de la ville, des cohabitations urbaines et de l’architecture. Elle interroge la place laissée à la jeunesse dans les espaces urbains et périurbains, avec une attention particulière portée à la place des enfants et des jeunes dans les espaces publics. Elle a notamment réalisé des courts-métrages avec des jeunes et des enfants avec la fabrique du regard, plateforme pédagogique du Bal. On a pu voir son travail entre autres au FID Marseille, à la Biennale de Lyon, au BAL, à Vision du Réel (Nyon).

Maryline Piquemil, architecte DE HMO, enseignante contractuelle TPCAU à l’ENSA Nancy, exerce la maîtrise d’oeuvre depuis 2008 et enseigne depuis 2013. Elle enseigne
également en ATR en L2 et elle intervient en HMO sur la question de la commande des
particuliers. Elle a fait de cette pratique du marché des particuliers l’une des spécialités
de son agence comprenant actuellement six personnes, où elle a également créé des
projets d’architecture à destination des enfants (écoles, centre de détection des troubles
autistiques…). Elle débute en 2024 avec Karine Thilleul un programme de visites de l’ENSA Nancy à destination des enfants de primaire. Elle développe également un atelier de sensibilisation à la représentation en plan avec l’école maternelle Clémenceau à Saint-Max.

Laure Ribeiro, architecte-paysagiste, doctorante au AAU-CRESSON, vacataire VT à l’ENSA de Grenoble et à celle de Paris La Villette. Thèse en cours : Les rues aux enfants d’hier,  d’aujourd’hui et de demain comme lieu de renouveau de nos imaginaires et de nos  pratiques, sous la direction Nicolas Tixier.

Gwen Rouvillois, artiste et chercheuse au LAA. Elle s’intéresse aux croisements entre art, architecture et pédagogie. Elle est co-directrice de la publication In-Between; Hybridations des pratiques artistiques et nouveaux formats de la recherche, Paris, Ed. Loco, 2022.

Noa Schumacher, enseignante à l’Institut d’urbanisme de l’Université Grenoble-Alpes , doctorante en urbanisme avec une thèse sur Les formes sensibles de présences des
enfants en milieu urbain. Quand l’ambiance entre en jeu
, sous la direction de Rachel Thomas
(laboratoire AAU-CRESSON) et Fanny Vuaillat (laboratoire PACTE).

Sabine Thuillier, architecte DPLG, enseignante CDI contractuelle TPCAU à l’ENSA de Clermont- Ferrand, membre associée de l’UMR Ressources, fondatrice de Pixel [13], un
collectif d’art en espace public et de sensibilisation à l’architecture depuis 1998. Depuis 2017, elle est la conceptrice et porte le Centre de Loisirs Architecture, ateliers d’été pour des enfants à l’ENSACF avec la Ville de Clermont ; tout comme Petits Voyages en Architecture, ateliers mensuels d’architecture sur le temps périscolaire dans les écoles de quartiers prioritaires. Elle a également conçu et porte la Résidence de sensibilisation à l’architecture, la Ville, le Paysage, depuis 2017. En 2023, elle a co-organisé et accueilli le stage national Égalité des Chances Architecture. Elle a co-conçu et mis en oeuvre d’une formation à destination des architectes et enseignants avec l’URCAUE Bourgogne Franche Comté : Formation Expérimenter l’architecture avec les enfants (2018 et 2019). Depuis 2017, elle est membre du COPIL du PREAC (Pole de Ressources Éducation Artistique et Culturelle) Architecture, Arts de l’espace et société avec l’organisation du Séminaire national de 2021 et les résonances locales. Responsable de la MAV PACA entre 2006 et 2008, elle a été membre du groupe de travail du Réseau National des MA, Actions pédagogiques (2006 /2010) avec notamment l’organisation du colloque au sénat Transmettre l’architecture (2007). Elle a été membre du groupe de travail de la DAPA pour l’élaboration du guide Repères pédagogiques en Architecture pour le jeune public (2005).

 

 

 

Recensement des initiatives pédagogiques

Un état des lieux des initiatives existantes au sein des écoles françaises d’architecture et de paysage sur le rapport aux espaces urbains des enfants et adolescents et plus particulièrement celles qui concernent les jeunes générations du pourtour de la Méditerranée est en cours. Car c’est en ces lieux que les futur·e·s concepteurs·trices et aménageurs·euses de nos espaces du quotidien se forment. Nous prospecterons également ce qu’il se fait sur les autres rives de la Méditerranée.

N’hésitez pas à nous en signaler, si vous en connaissez, en écrivant à nadja.monnet@marseille.archi.fr